Aux pieds du royaume des Dieux

04/01/2023

Le Mont Olympe

Dans la mythologie grecque, le Mont Olympe est le lieu de résidence des plus grands Dieux. Invisible aux mortels, car dissimulé par les nuages, son sommet y est décrit comme un vrai sanctuaire, mais aussi lieu de fêtes permanentes. De là-haut, Zeus et ses acolytes pouvaient contempler le monde et surtout le destin des hommes dont ils aimaient tant se mêler. Tous ces récits sont inspirés d'une chaîne de montagnes belle et bien réelle, située dans le nord du pays, et comptant en son sein le point culminant de la Grèce. Nous ne pouvions définitivement pas passer à côté de l'opportunité d'aller saluer quelques Dieux !

Notre envie première était de gravir le plus haut sommet du Mytikas, qui fait environ 3000m. Mais après quelques renseignements, nous comprenons vite que la saison n'est pas très adaptée. En décembre, l'ascension du glacier nécessite un équipement d'alpinisme (crampons, piolet) et les refuges sont fermés. Nous optons donc pour un itinéraire de 7h aller-retour, rejoignant 2 refuges et situé en plus basse altitude. Réputé pour être riche en découvertes, il nous mène tour à tour à travers des gorges, des cascades, une petite chapelle dans une grotte et bien sûr de belles vues sur le pic enneigé de Mytikas

Le point d'intérêt principal étant le monastère d'Agios Dionysios, datant du 15ème siècle mais qui semble cependant fermé pour travaux à notre arrivée. Nous nous aventurons tout de même à l'intérieur, et sommes salués par le prêtre en pleine réunion de chantier. Le lendemain, notre réveil à 1000m d'altitude nous offre de superbes couleurs, tandis que nous surplombons une mer de nuages et la baie de Litochoro. Bien sûr, nous restons un peu sur notre faim de ne pas avoir pu ajouter ce célèbre sommet à notre liste, mais ce n'est que partie remise !

La Pointe du Pélion

Nous poursuivons nos visites mythologiques avec la région du Pélion. Chez les grecs anciens, il s'agissait du lieu où vivaient les Centaures et notamment Chiron. Réputé pour ses connaissances, il était chargé de l'éducation des grands héros tels qu'Achille, Héraclés ou Asclépios. La créature, mi-homme mi-cheval est d'ailleurs l'emblème de la région. Le Pélion, péninsule entre mers et montagnes, est aussi connu pour sa multitude de jolis villages souvent arborés de bougainvilliers, en fleurs à cette saison. Nous commençons par la visite de Makristina, magnifique village en pierre perché à flanc de montagne. 

Après nous y être repris à 3 fois pour trouver le départ de la randonnée, nous faisons l'ascension à travers de toutes petites rues pavées et escarpées. Le bas du village est très pittoresque et nous croisons poules, cheval et maisons biscornues sur notre passage. Après 1h30 de grimpette, nous atteignons le haut de la ville, plein de charme, mais plus touristique avec ses auberges, restaurants et boutiques décorées de jolies lumières pour Noël. Sur la place principale, où trône un platane centenaire, abritant quelques terrasses où les nombreux touristes Grecs admirent la vue. Nous croisons une française expatriée à Athènes qui nous apprend qu'il s'agit en effet d'un des endroits favoris des locaux pour passer les vacances de décembre !


Le lendemain, nous prenons la route du littoral vers Afissos, un petit village de pêcheurs typiquement Grec, comme on les aime. L'endroit est idéal, puisque nous sommes garés seuls devant la plage, à 5 minutes à pied du village. Nous avons même accès à une petite terrasse et une douche de plage ! Nous profitons plusieurs jours de la quiétude de l'endroit et le fait d'être sédentaires nous permet d'interagir peu à peu avec les habitants. 

Nous garderons particulièrement en souvenir la petite dame, tenant la seule taverne encore ouverte à cette saison, tellement gentille. Elle assure le service à plus de 70 ans et avec un bras en écharpe, forçant notre admiration. Mais aussi le vieux pêcheur, qui montra à Valentin ses poissons et son matériel de pêche, avant de lui offrir une pierre pour le remercier de leur échange. Nous n'avons pas vraiment su quoi faire de cette pierre, mais le geste était mignon ! Nous terminons notre séjour par une marche dans l'impressionnante Gorge de Halomera, conduisant au village d'Afetes, perdu dans la montagne. Le canyon se révèle rempli de rochers, ce qui transforma rapidement notre randonnée en séance d'escalade, dans une ambiance Indiana Jones. Une fois n'est pas coutume, nous sommes rejoints par 2 chiennes, qui nous suivent sur le sentier avec nous tout l'après-midi et auraient bien aimé être adoptées. Mais 3 chiens cela fait peut-être un peu beaucoup dans le camping-car ?

Les Sources de Thermopyles

Nous avions eu vent de l'existence de sources chaudes naturelles dans la région des Thermopyles, en grec « Les Portes Chaudes ». D'après la légende, Héraclès s'y serait jeté pour se laver du poison de l'Hydre de Lerne et c'est ainsi que le cours d'eau serait devenu chaud. Dans une explication plus scientifique, c'est le soufre qui lui donne une température constante de 35 à 38 degrés. Mais l'endroit est surtout célèbre pour la bataille des Propylées, immortalisée dans le film 300. Elle opposa 4000 soldats spartiates, menés par le Roi Léonidas, à l'armée Perse de Xerxès 1er qui comptait près de 200 000 hommes. La Grèce centrale tomba ensuite sous la domination de l'Empire Perse, mais le lieu est resté comme emblème de la résistance grecque face à l'envahisseur.

Aujourd'hui, les sources sont accessibles gratuitement, et la partie haute est aménagée avec une petite cascade et plusieurs bassins. Il s'y mélange à la fois des voyageurs, les habitants des villages alentour et des réfugiés principalement Syriens, Irakiens et Iraniens. En effet, de par sa situation géographique, la Grèce est l'un des pays d'Europe les plus touchés par l'immigration. Parmi les 62 camps que compte le pays, celui de Thermopyles accueille environ 500 personnes dans un ancien complexe hôtelier. Les conditions de vie semblent rudimentaires et nous n'avons pas pu voir combien de familles logent dans chaque appartement. L'ensemble est géré par des associations et encadré par la police. Bien qu'il soit difficile de considérer cette vie comme acceptable sur le long-terme, nous pouvons tout de même noter plusieurs points positifs : l'accès à des soins de santé, des distributions de nourriture et un système d'éducation organisé par des bénévoles.

Nous trouvons un endroit un peu plus bas pour garer Mammouth, avec un accès direct à la petite rivière fumante. Nous nous baignons dès l'après-midi, puis de nouveau le soir venu sous les étoiles. L'eau est tellement chaude que de la vapeur s'en dégage en permanence, comme si nous étions dans un hammam. Une expérience unique même si nous devons tout de même faire abstraction de la forte odeur de soufre (ou d'œuf pourri) ambiante 😉 Le lendemain nous nous rendons aux bassins, pour une baignade plus locale. Les habitués grecs montrent à Valentin comment se tenir sous la cascade pour profiter du massage (Très tonique !) et ils nous font leurs recommandations : ne pas rester plus de 15 minutes, bien s'hydrater, ne pas porter de bijoux... Pour cela, il est déjà trop tard, et je découvre que ma bague est complètement oxydée. D'après eux, l'eau est tellement chargée en minéraux que de l'or finit par oxyder au bout de 2 à 3 mois en s'y baignant fréquemment. Toujours aussi généreux, ils insistent pour nous offrir une grande bouteille d'eau alors que nous leur montrons que nous avons une gourde. Mais quand un Grec a décidé quelque chose, inutile de s'y opposer : nous repartons donc avec notre bouteille d'un litre sous le bras !

Theologos

Après ces 2 jours « ressourcants », nous reprenons notre route en direction d'Athènes, et faisons halte sur la côte, à 2h de la capitale. Nous nous garons près d'une belle crique à Théologos, fréquentée par quelques pêcheurs que nous observons avec curiosité. D'abord, c'est un grand-père qui installe ses cannes, accompagné de son petit-fils qui pêche au harpon, ramène un poisson énorme et l'évide sous nos yeux. Puis à la tombée de la nuit, un pêcheur de calamars vient profiter de la lumière de la lune, qui font remonter les mollusques à la surface.

A notre arrivée, une petite chienne vient vers nous en boitillant et gémissant. Elle est d'abord très craintive, mais se laisse approchée après quelques minutes. Nous pouvons constater qu'elle est bien entaillée à la gorge. Sa plaie commence à coaguler, mais Valentin remarque sur la route qu'elle a perdu beaucoup de sang. Nous comprendrons plus tard qu'elle s'est faite attaquée par une meute de chiens située un peu plus haut dans le village. Elle est couverte de grosses puces dont certaines qui se logent dans les plaies, appelées « puces du cerf ». Nous faisons donc attention de ne pas trop nous y frotter et de garder Cassia à distance. Mais nous lui donnons de l'eau et des croquettes afin qu'elle puisse se requinquer, et déjà après une journée, elle commence à reprendre des forces. Encore une fois, nous constatons combien les chiens errants sont un problème en Grèce, qui n'a pas l'air d'appliquer de politique de stérilisation et les laisse livrer à eux-mêmes... Bien plus que dans les autres pays que nous avons traversé jusqu'à maintenant. Nous disons au revoir à notre convalescente avec un petit pincement au cœur, mais il est l'heure pour nous de reprendre la route.

Athènes nous attend plus au sud, avec son lot de nouveaux mythes à découvrir !