Halloween au pays de Dracula
Après notre traversée de plusieurs petits pays (Slovénie, Croatie, Bosnie, Serbie), le territoire de la Roumanie nous parait à la fois immense et plein de promesses. Les distances de route étant importantes, nous choisissons de concentrer notre visite sur la région centrale de la Transylvanie, en terminant par les alentours de Bucarest vers l'Est. Nichée au milieu de la chaîne de montagnes des Carpates, la Transylvanie est connue pour ses villes médiévales à l'empreinte saxonne, ses églises fortifiées, ses châteaux et ses paysages pittoresques. Un décor idéal pour cette période d'automne et d'Halloween !
A notre arrivée le 27 octobre, notre première visite est consacrée à... un hypermarché Cora ! Et oui, c'est aussi cela le voyage, il faut bien trouver de quoi nous nourrir ! En Bosnie et Serbie, nous avions majoritairement fréquenté de toutes petites épiceries avec très peu de choix et nous sommes donc bien contents de mettre la main sur un grand magasin. Les prix sont très abordables (environ 50% de moins qu'en France) et nous y trouvons même du beurre salé et du saucisson, choses que nous n'avions plus pu nous procurer depuis notre départ : le bonheur.
Nous choisissons un point de chute pour la nuit à 2 heures de la frontière, afin de nous mettre en chemin vers la Transylvanie. Un joli coin de nature au bord d'une rivière, au milieu des montagnes du parc national Defileul Jiului. Nous sommes accueillis par le propriétaire des lieux, un chien errant à l'allure sympathique, qui semble heureux de nous voir et de pouvoir jouer avec Cassia. La nuit venue, il nous empêche cependant de dormir avec ses aboiements, repris en chœur par Cassia dans le camping-car... Le lendemain matin, alors que nous tentons d'émerger de cette courte nuit, nous avons la surprise de recevoir la visite d'un troupeau de vaches autour du camping-car. Le berger qui les accompagne s'installe un peu plus loin et nous allons à sa rencontre. Nous lui apprenons à converser avec le traducteur vocal sur le portable. Cela n'est pas facile car il a tendance à vouloir parler au moment où l'enregistrement s'arrête ! Nous lui expliquons notre voyage et nous faisons connaissance. Il nous explique qu'il vit dans une ferme plus loin, dans les montagnes, qu'il a 2 chiens mais pas d'enfants. L'une de ses premières interrogations est de connaitre la religion que nous pratiquons (une question qui pourrait paraitre indiscrète en France, mais qui est normale ici). Il est surpris que nous soyons athées, et encore plus quand nous lui apprenons que c'est une chose commune en France. En effet la Roumanie est un pays très pieux où la quasi-entièreté de la population est orthodoxe. La conversation s'oriente ensuite sur les différences entre la vie en France et en Roumanie. Nous lui apprenons qu'il n'y a quasiment aucun chien errant chez nous, puisqu'ils sont tous domestiqués ou placés dans des chenils. Il est interloqué par cette différence puisque dans les Balkans, il est habituel de rencontrer des chiens de rue un peu partout. Un moment de partage touchant et enrichissant : merci encore une fois à la technologie qui nous permet de dépasser la barrière de la langue ! Avant de repartir, nous visitons le superbe monastère qui se trouve juste à côté : l'opportunité de faire une deuxième rencontre avec un monsieur qui s'occupe des lieux et qui nous fait toute la visite de l'église. Il nous présente les différents saints, nous montre une crypte secrète et semble ravi d'apprendre que l'un d'entre nous porte le prénom de Saint Valentin !
Une nouvelle mission nous attend désormais, afin de pouvoir débuter complétement notre visite de la Roumanie : la réparation du dernier caprice de Mammouth. Nous entendions un bruit suspect sur les derniers kilomètres en Serbie et le verdict est tombé : le pot d'échappement est cassé, sans doute à force de secousses sur les routes de Bosnie. Il nous faut donc trouver un réparateur et surtout croiser les doigts pour ne pas rester bloqués trop longtemps.
Nous repérons un soudeur dans un tout petit village, sur notre chemin pour le beau château d'Hunedoara. Nous lui expliquons notre problème devant son atelier et il accepte de nous aider immédiatement, à condition que Valentin démonte l'échappement lui-même. 10 minutes de soudure plus tard et l'affaire est bouclée : l'efficacité Roumaine est redoutable. Pour le remontage, il faudra être un peu plus patients et Valentin passe bien 2 heures à s'activer sous le camping-car pour tout remettre en ordre. Nous voilà prêts à reprendre la route avec un échappement complet, ce qui nous permettra de traverser le pays avec un bruit un peu plus discret !
Pour notre destination suivante, nous avons repéré au hasard d'internet un lieu qui n'apparaissait même pas dans les guides et qui paraît pourtant incroyable. Un paysage digne du Colorado, perdu au milieu de la campagne Transylvanienne, appelé par les locaux « Rapa Rossi ». L'endroit est très fréquenté par les Roumains donc nous échangeons avec certains, impressionnés d'apprendre que nous avons fait la route depuis la France depuis plus de 2 mois. Nous passons 2 nuits au pied de ces falaises ocres, encore plus belles au coucher de soleil. En prime, nous profitons d'un vrai temps printanier, nous permettant même de déjeuner dehors. Nous sommes loin de réaliser qu'Halloween est dans 2 jours !
Sur la route pour Sibiu, la plus grande ville des environs, nous marquons un arrêt au petit village de Sibiel. Ici, nous découvrons l'ambiance pittoresque de la campagne Roumaine : les charrettes qui côtoient les voitures sur les routes, les meules de foins, les costumes traditionnels qui sont encore portés par certaines femmes. Même si le niveau de vie semble plus aisé qu'en Bosnie et Serbie, l'agriculture traditionnelle est encore bien présente. Nous tombons sur un petit marché dans le centre de Sibiel : l'occasion d'acheter des gâteaux Roumains à base de pâte d'amandes et de pommes. Un vieux monsieur nous fait goûter son cognac : d'abord à Valentin puis c'est mon tour. Je grimace et lui dit que c'est très fort mais il me sert un verre d'une autre liqueur qui se révèle encore plus forte : je me suis faite piégée par un papy Roumain !
Nous passons ensuite 2 jours dans la belle ville de Sibiu, une ancienne cité médiévale. Son décor nous évoque un village de Disney ou de conte de fées, avec ses couleurs pastel, ses petites tours et ponts en pierre et les décorations de Noël qui commencent à être installées. Les lucarnes des maisons semblent nous surveiller au loin. Ce sont les fameux « yeux de Sibiu », un style architectural propre à la région. Après avoir visité la ville, il est temps de profiter de la soirée d'Halloween en espérant découvrir les coutumes locales autour de cette fête. Nous imaginons déjà les enfants déguisés en petits vampires déambuler dans les rues. Il faut dire que le folklore local est parfaitement adapté, avec la promotion faite autour du mythe de Dracula, qui serait originaire de la région. Mais finalement, nous trouvons un centre-ville quasiment désert. Après un bon restaurant, nous testons le bar « Music Pub », qui se révèle très sympa mais très calme et sans concert programmé en ce lundi soir. Il faut nous rendre à l'évidence : à part quelques citrouilles dans les vitrines, les Roumains ne semblent finalement pas être de grands adeptes d'Halloween !