Wanted : Water pump

19/10/2022

Pont de Mostar


Depuis notre arrivée en Bosnie, nous avons remarqué de nombreuses affiches électorales qui se tiennent dans le moindre espace libre des villes : tous les poteaux, les arrêts de bus, en 4 mètre par 3 sur les façades... Tous ces portraits aux airs sérieux et ces slogans que nous ne comprenons pas, finissent par éveiller notre curiosité. Nous interrogeons Google qui nous apprend que les élections générales de Bosnie se tiendront le dimanche 2 octobre 2022. Et le 2 octobre, c'est aujourd'hui !

Tandis que nous roulons vers la ville de Mostar dans le sud du pays, nous nous renseignons sur les enjeux de ce scrutin désormais imminent. Il a pour finalité de nommer le pouvoir exécutif, mais aussi l'assemblée et le sénat : d'où le nom d'élections générales. Depuis la fin de la guerre et les accords de Dayton signés fin 1995, la Bosnie Herzégovine est soumise à un système politique assez particulier. D'abord, elle est divisée en deux entités autonomes : la Fédération croato-musulmane et la Republika Srpska (serbe). Mais ce n'est pas tout, puisque ses citoyens élisent au suffrage universel un pouvoir exécutif à 3 têtes : un président bosniaque, un président serbe et un président croate. Ce système a profondément bouleversé le pays et semble aujourd'hui être devenu un frein à son développement. Entre les réformes paralysées faute d'ententes entre les 3 dirigeants, les récentes menaces d'indépendance de la part du dirigeant serbe et les revendications de modification des règles du scrutin de la part du camp Croate... Cela semble en effet réellement conflictuel. D'ailleurs les titres de la presse internationale laissent planer le doute sur l'avenir du pays au lendemain de ces élections : « Bosnie, vers un éclatement du pays ? », « Elections sous haute-tension en Bosnie ». 

Alors titres racoleurs ou réelle menace ?

Après le verdict vers 21h, nous guettons les réactions sur les visages que nous croisons dans les rues de Mostar. Tout nous semble très calme ce soir-là. Le lendemain, nous apprenons que le pays est en réalité dans le flou total : les 2 candidats Serbes se sont déclarés tour à tour gagnants, l'un accusant l'autre de fraude et demandant un recomptage des voix. Nous évitons d'interroger directement les Bosniens pour connaitre leur réaction car le sujet des conflits inter-ethniques est encore particulièrement sensible ici. Finalement, nous apprenons qu'il souffle tout de même un vent d'espoir pour la paix de la Bosnie : l'élection dans le camp bosniaque de Nermin Niksic, un candidat social-démocrate et pro-européen, après des décennies de gouvernance du camp pro-nationaliste.

La ville de Mostar est la parfaite représentation de ces clivages ethniques et religieux. Construite sur 2 collines séparées par une rivière, elle est comme divisée en 2 villes distinctes. D'un côté, la partie croate- catholique où nous retrouvons nos repères européens aussi bien dans l'ambiance que dans l'architecture. Et le côté bosniaque - musulman : la vieille ville pleine de charme qui nous transporte directement en Orient

C'est ici que se tient le célèbre pont de Mostar, symbole de la ville détruit pendant la guerre, puis reconstruit en 2004. Une multitude d'échoppes à souvenirs colorées rappellent les souks et proposent tapis d'orient, services à café en cuivre, lampes à pétrole... Ici, nous retrouvons aussi la foule et une ambiance touristique assez marquée. Mais nous nous laissons tout de même séduire par cette animation et passons une agréable soirée à arpenter les petites ruelles pavées. Le lendemain, nous décidons de nous éloigner pour partir à la découverte des rues plus désertées des visiteurs, encore parfois marquées par les traces de la guerre. Surtout, nous espérons croiser quelques habitants de Mostar et pour cela nous avons un atout charme avec nous : Cassia, qui fait craquer tous les Bosniens sur son passage et qui s'attire caresses et friandises. L'occasion pour nous d'échanger quelques mots et sourires, qui nous offrent de beaux souvenirs dans cette ville.

Nous regagnons ensuite le calme de la campagne Herzégovine et trouvons un joli spot plus au sud, au bord d'une rivière. Les locaux s'y succèdent pour pécher, pique-niquer ou boire un coup et ne semblent pas du tout perturbés par notre présence. Nous explorons les environs à pied et en kayak, et surtout nous visitons le magnifique tekké de Blagaj. Ce monastère soufiste (un courant de l'islam) est situé juste au pied d'une falaise et de la source d'une rivière. Il abrite toujours une communauté de derviches, qui y vivent à la manière de moines et y pratiquent la méditation, parfois par la danse. Malheureusement nous n'avons pas pu les rencontrer cette fois, il faudra sans doute attendre notre arrivée en Turquie !

Nous trouvons vraiment la quiétude dans cette jolie campagne, si calme... Mais ne dit-on pas que le calme ne dure jamais bien longtemps ?

Le soir, alors que je me lance dans une lessive à la main, je découvre, au moment de rincer les vêtements, que nous n'avons plus d'eau au robinet. Pourtant nous venons de refaire le plein, il s'agit donc d'un nouveau problème technique : oups ! J'appelle Valentin à l'aide qui se lance dans un grand démontage afin de trouver un éventuel court-circuit. Mais après des recherches infructueuses, il faut se rendre à l'évidence : la pompe à eau est HS, alors que nous l'avions changée il y a tout juste un an ! Il faut préciser que cette pompe nous sert à alimenter tout le circuit d'eau du camping-car : douche, lavabo de la salle de bain et évier de la cuisine... Heureusement, nous avons toujours un bidon de secours de 10 litres avec nous. Nous sommes maintenant bien embêtés :  cela à beau être une pièce qui ne coûte pas grand-chose (autour des 20 euros), le problème va surtout être de la trouver. Nous sommes dans un pays avec très peu de magasins, encore moins d'équipements pour bateaux ou camping-cars. Sur internet, les délais annoncés sont de 2 à 3 semaines pour une livraison à Sarajevo... Cela fait un peu long pour une bonne douche 😉

2 solutions s'offrent donc à nous : anticiper notre visite de Sarajevo qui est à seulement 2 heures de route, et espérer y trouver une pompe pour aquarium dans un magasin spécialisé. Mais nous ne sommes pas certains que ce type de pompe soit assez puissante pour notre système. Ou bien, revenir sur nos pas vers le sud de la Croatie, où nous trouverons des boutiques d'équipements nautiques à Split ou à Dubrovnik. 

Alors que notre programme était de partir vers les montagnes et de belles randonnées, nous partons donc dès le lendemain vers une aventure tout à fait différente. Direction la côte Croate, la chasse à la pompe à eau est déclarée !

Nous faisons d'abord un arrêt dans plusieurs magasins à Mostar, au cas où... Un vendeur se creuse la tête et nous propose même une pompe à diesel, ce qui nous fait beaucoup rire ! Mais personne ici ne peut résoudre notre problème malgré toute leur bonne volonté. Nous atteignons Split dans l'après-midi, après 2h30 de route et un nouveau passage de frontière. Une fois au magasin, nous assurons le coup en achetant 2 modèles distincts de pompes pour bateaux. Valentin fait les essais directement sur le parking et parvient à adapter l'une d'entre elles à notre système, en déformant le tuyau avec la chaleur de notre gazinière ! Nous demandons donc l'échange de la pompe inutilisée contre un 2ème exemplaire. On ne sait jamais, si cette nouvelle pompe décide de nous lâcher au beau milieu du désert turc 😉

Après avoir écumé 8 magasins en Bosnie puis en Croatie, nous sommes bien fatigués de notre journée mais heureux d'avoir pu trouver une solution (et de pouvoir prendre une douche !). Nous trouvons une place près d'un petit port de plaisance à Split où nous sommes récompensés par un magnifique coucher de soleil. Finalement nous restons 2 jours afin de profiter de cette belle ville loin de l'afflux de l'été. Les températures clémentes de la côte Adriatique sont au rendez-vous, nous permettant même une dernière baignade pour cette année 2022. Comme quoi, les beaux moments se trouvent aussi dans les imprévus !