Cités souterraines, cheminées de fées, curieuses formations rocheuses, multitude de vallées, églises rupestres... A première évocation, tout cela était quelque peu abstrait dans nos têtes… Mais nous savions déjà que nous ne serions pas déçus par la région de la Cappadoce, point le plus à l'Est de notre voyage.
A l'arrivée, le constat est là ! Non, on ne nous a pas menti sur cet étonnant paysage, tout droit sorti d'un film de science-fiction. Nous nous sentons désormais loin de tout repère, comme sur une étrange planète. Et depuis, les 10 jours passés ont bien étoffés nos connaissances géologiques et historiques de cette région fascinante. Nous allons donc tenter de vous résumer ces découvertes de la manière la plus digeste possible, à travers 10 expériences vécues en Cappadoce !
Nichée au beau milieu des vallées, la petite ville de Göreme a su tirer profit de sa situation centrale en se transformant en véritable village vitrine avec toute l'industrie qui va avec : auberges dans des maisons troglodytes, agences de voyage aux multiples excursions, restaurants, boutiques de babioles… Une fois passée une petite sensation d'étouffement à notre arrivée, nous trouvons à nous garer pour quelques nuits en abord du centre touristique, afin de profiter de l'emplacement sans nous sentir assaillis. Et notre première visite est pour le fameux « musée en plein-air de Göreme », un complexe monastique byzantin creusé dans la roche. Les églises sont toutes plus belles les unes que les autres et nous sommes bluffés en observant pour la première fois les fresques aux scènes bibliques colorées. Les aménagements créés dans la roche retiennent aussi l'attention : bancs, tables, foyer pour le feu…
Durant notre séjour de quelques jours, Göreme se révèle être le parfait point de chute pour accéder aux différentes vallées, aux plus beaux points de vue et surtout, autre attraction incontournable des lieux : assister au départ des montgolfières au lever du jour !
Si pour tous, la Cappadoce et ses montgolfières sont indissociables, il s'agit en réalité d'une activité plutôt capricieuse et assez imprévisible. Un ciel dégagé, pas trop de vent, pas de pluie… sont nécessaires pour obtenir l'autorisation de voler. Celle-ci n'est accordée que le jour même, à l'aube, il faut donc brancher son réveil sans garantie de pouvoir les observer. Lorsque nous arrivons le jeudi 23 mars, les mauvaises conditions météorologiques n'ont permis de voler qu'une seule fois en 15 jours. Le soleil semble être de retour, mais nous sentons que toute la ville est un peu à cran et nous ne tardons pas nous aussi à éplucher les bulletins en s'interrogeant : va-t-on pouvoir observer le beau spectacle ?
Fin du suspens : dès le deuxième jour, nous sommes réveillés autour de 6 heures du matin par les bruits de ventilateurs caractéristiques. Nous écartons les rideaux et découvrons, excités comme des enfants, que plusieurs ballons s'élèvent déjà autour de nous. De quoi nous tirer du lit en un temps record ! Quelques minutes plus tard, une montgolfière passe juste au-dessus de Mammouth, ses occupants (un groupe d'espagnols) nous lançant des « Buenos dias » ! Nous partons vite en direction des falaises pour assister avec un meilleur point de vue à ce lever de soleil surnaturel, qui viendra se ranger illico dans le classement des plus beaux de notre vie.
Nous ne tardons pas à partir explorer la vallée de Zemi, située juste à côté de notre spot, d'où nous pouvons déjà observer ses cheminées de fées aux drôles de formes « phalliques ». Il est vraiment stupéfiant d'imaginer que c'est l'érosion naturelle qui a sculpté dans la pierre de tuf, de tels piliers, de plusieurs dizaines de mètres de haut ! Nous sommes encore plus étonnés en découvrant que les cheminées en question étaient d'anciennes habitations, creusées de galeries, qui restent accessibles moyennant quelques efforts d'escalade. Alors évidemment, nous sommes allés voir de plus près 😉
Le samedi midi, nous rejoignons nos acolytes Juliette, Gab, Zoé et Yarkov pour passer le week-end tous ensemble ! Après un petit restau, nous partons nous dégourdir les jambes dans la vallée Rose et la vallée Rouge, noms inspirés de l'incroyable couleur de leurs roches. Nous découvrons joyeusement sur notre chemin, plusieurs églises rupestres, des tunnels naturels, de belles cheminées accessibles via des échelles et des points de vue époustouflants sur les falaises ocres. Elues à l'unanimité du groupe les deux plus belles vallées de Cappadoce !
Après un copieux petit déjeuner animé d'un décollage de montgolfières, nous faisons nos aurevoirs à Zoé et Yarkov qui partent pour de nouvelles aventures à vélo, en direction de la Géorgie. Gab et Juliette nous évoquent une ancienne salle de spectacle de derviches tourneurs laissée à l'abandon quelque part dans la vallée de Zemi. Ni une, ni deux, nous nous mettons en quête de ce mystérieux endroit grâce à quelques indices laissés par leurs copains, venus un an plus tôt. Nous ne tardons pas à trouver l'entrée, un long tunnel que nous éclairons à la lampe… Les lieux ont dû être fermés suite à un incendie et sont jonchés de débris, mais la salle de spectacle principale reste très belle avec ces peintures. En repartant, nous trouvons un vieux canapé abandonné en plein désert : parfait décor pour quelques photos de notre troupe d'explorateurs !
Nous quittons nos amis pour nous rendre sur un nouveau spot de bivouac, surplombant le canyon de la Love Valley, à l'Ouest de Göreme. La vue du salon est plutôt spectaculaire ! La météo est encore bien ensoleillée et nous partons randonner à l'intérieur des gorges dès l'après-midi. Il s'agit sans doute de la vallée la plus photographiée, avec là encore ses cheminées de fées aux formes singulières… Nous trouvons sur notre chemin plusieurs tortues de terre, dont deux en pleine reproduction – c'est la Love Valley après tout ! Les amandiers sont en pleine explosion, quelle chance de les avoir en fleurs pile pour notre venue !
Alors non, cette vallée n'est pas peuplée de pigeons (comme je le croyais), mais doit son nom aux nombreux pigeonniers encore visibles en haut des habitations rupestres. L'élevage de pigeon était pratiqué à l'époque pour la récolte de leurs fientes, qui servaient d'engrais naturel (le bio, avant l'heure !). Si cette vallée nous a moins emballés (on devient difficiles avec le temps), elle offre tout de même de magnifiques vues sur la ville d'Uchiçar. Et surtout sur son impressionnant château, immense forteresse troglodytique qui surplombe le paysage à des kilomètres à la ronde et considéré comme le premier gratte-ciel de l'Histoire.
Nous sommes toujours garés en haut de notre canyon, quand la météo nous indique des prévisions plutôt curieuses : de la neige serait prévue le lendemain. Difficile à croire sous ce grand soleil, mais nous concluons que si neige il y a, elle ne tiendra pas très longtemps vue la chaleur emmagasinée dans le sol les derniers jours… Grossière erreur : c'était sans compter sur la magie de la Cappadoce et sa capacité à se changer à la vitesse de l'éclair !
En une seule nuit, nous nous retrouvons entourés de 20 centimètres de neige. Le spectacle est grandiose, le paysage encore plus superbe… Mais il faut tout de même déneiger la piste si nous ne voulons pas rester coincés les 4 prochains jours ici. Val s'acharne pendant une matinée avec notre petite pelle et finalement, nous parvenons à nous extirper ! La neige continue à tomber toute la journée et nous nous réfugions dans la petite ville d'Avanos à la recherche d'un souvenir que nous souhaitons ramener de Turquie. Gab nous a parlé d'un grossiste en tapis et nous trouvons effectivement notre bonheur parmi son énorme et superbe achalandage. Ce sera un tapis au tissage traditionnel de la Cappadoce, aux belles couleurs vives et motifs censés protéger le foyer.
La tempête a cessé, laissant
derrière elle le soleil et un beau manteau de neige. Les conditions rêvées pour
nous lancer dans la plus grande randonnée de notre semaine : une journée
de marche pour relier le musée en plein air de Zelve, la Red and Rose Valley
puis la ville de Cavusin. Nous sommes quasiment seuls à l'ouverture du site de
Zelve, qui se révèle magnifique : une vraie ville troglodyte s'étend sous
nos yeux, avec ses chapelles, ses caves, ses moulins et ses nombreux pigeonniers.
Elle serait restée habitée jusqu'en 1952 avant que les villageois ne soient
déplacés pour des raisons de sécurité. Après cette très belle visite, nous
entamons l'ascension du haut plateau nous séparant de la Red & Rose Valley.
Le panorama est encore plus beau avec le contraste de la neige sur la roche de
couleur ocre. Nous découvrons sous un tout nouveau visage ces paysages pourtant déjà
observés quelques jours auparavant avec nos amis. Puis nous atteignons la
bourgade de Cavusin, dominée d'une jolie mosquée et des ruines d'un ancien
village troglodytique, aujourd'hui à l'abandon.
Nous ne pouvions pas repartir de Cappadoce sans visiter l'une de ses célèbres citées souterraines. Notre choix se porte sur celle de Kaymakli, située à une trentaine de kilomètres de Göreme. Initialement creusées par les Hittites (peuplant la région en 2000 av. JC), elles auraient ensuite servi de refuge aux premiers chrétiens qui fuyaient les persécutions. On estime que la cité de Kaymakli a abrité 3000 personnes et Derinkuyu, la plus grande, 10 000 ! La visite est épatante, et notamment les détails des portes rondes en pierre qui permettait de se protéger en cas d'attaque, ou encore de l'immense puit de ventilation parcourant l'ensemble des étages. Sur les 8 niveaux, 4 sont en réalité accessibles ce qui est bien suffisant pour éprouver un petit sentiment de claustrophobie quand nous réalisons que nous sommes déjà à 20 mètres sous terre !
C'est après ces 10 jours bien
remplis et non sans un petit pincement au cœur que nous reprenons la route vers l'ouest, afin de mettre le cap vers
Istanbul. La Cappadoce aura vraiment été un moment à part dans
notre voyage, complétement dépaysant et hors du commun ! Mais, attendez… Il
ne manque pas quelque chose à ce récit ? Si vous avez bien suivi, l'expérience
ne serait pas complète sans un petit vol en montgolfière ! Mais cela, nous
vous le raconterons un peu plus tard, cela vaut bien un article à part 😉
Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.
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