« καλά Χριστούγεννα ! »

« Joyeux Noël » en grec

L'ambiance des fêtes de fin d'année s'est progressivement installée au cours du mois de décembre, à grand renfort d'illuminations et de marchés de Noël (qui se révèlent décevant en l'absence de leur intérêt principal qu'est le vin chaud !). Nous apprenons tout de même l'existence de quelques différences de célébration entre la Grèce et la France. Ici, c'est originellement à l'occasion de la St Basile, le 1er Janvier, que l'on s'échange des cadeaux. Le 24 décembre, les familles partagent un repas qui peut varier selon les régions, le plus souvent de la dinde farcie agrémentée de tomates et groseilles. Mieux que la bûche glacée, nous découvrons les 2 types de gâteaux traditionnellement dégustés à Noël : les mélomakaronas (à base de miel et de noix, nos préférés) et les kourabies (des sablés à l'amande et la fleur d'oranger, recouvert de sucre glace). Une autre curiosité qui nous a beaucoup plu est le « bateau de Noël ». Cette tradition remplace notre traditionnel sapin de Noël par une maquette de bateau en bois, agrémentée de guirlandes lumineuses. Nous avons pu en contempler dans les vitrines, sur certaines places des villages ou encore en version grandeur nature sur de véritables bateaux illuminés dans les ports. Eco-responsable et beaucoup plus original : de quoi nous donner envie d'abandonner le sapin pour notre prochain Noël en France !

Et justement, nous sommes maintenant le 23 décembre et il va falloir que nous choisissions notre programme. Après quelques jours bien intenses à Athènes, nous prenons la route en direction du Péloponnèse. Et oui, cette année, nous avons bien l'intention de passer le réveillon avec un invité de marque : le soleil !

Après être enfin sortis de l'immense zone industrielle et portuaire de la capitale, nous faisons une première escale à l'incontournable point de vue sur le canal de Corinthe. Un lieu plutôt atypique et impressionnant à découvrir avec ses 52 mètres au plus haut. Après plusieurs années de travaux, il fut mis en circulation en 1894. Très étroit, il ne peut normalement être emprunté que par des petits bateaux. Mais en 2019, le paquebot du Braemar bâti le record du plus grand navire à effectuer la traversée. D'une envergure de 22,5 mètres, il parvint à emprunter le canal et ses 24 mètres au plus étroit... La vidéo de l'exploit donne des sueurs froides et on se demande comment des gens ont pu payer pour être à bord ! 

Nous quittons le point de vue du pont principal pour longer les falaises. La promenade est vertigineuse et nous repérons un autre pont à l'opposé qui semble offrir une meilleure vue. Déception en arrivant : nous découvrons des travaux sur les lieux. Le pont est barré par des engins de chantiers à l'arrêt et d'énormes tuyaux, mais nous nous faufilons tout de même pour prendre quelques rapides photos. La balade n'a pas l'air d'avoir enchanté Cassia, froussarde dès qu'il s'agit de traverser un pont, mais la vue sur l'embouchure nord est vraiment impressionnante.

Nous jetons notre dévolu sur Nauplie pour passer Noël, elle qui est réputée pour être une jolie ville d'influence vénitienne. Nous trouvons une place tranquille sur une grande esplanade au bord du port, à 15 minutes à pied du centre et surtout avec une vue imprenable sur la forteresse. C'est l'heure de se mettre aux fourneaux pour préparer notre festin de Noël... Cette année, le menu sera un peu différent : toast de saumon, pâté de foie (faute d'avoir trouvé du foie gras), Prosecco (faute de champagne), mélomakaronas (de délicieux biscuits, si vous avez bien suivi) et un rougaille saucisses en plat principal. Oui, ce n'est pas traditionnel, mais quitte à fêter Noël au soleil, autant déguster un plat exotique. Nous passons une bonne soirée avec nos familles en visio, pour une ouverture des cadeaux à distance !

Le matin de Noël, nous avons le luxe de prendre notre petit-déjeuner au soleil et échangeons quelques mots avec nos voisins camping-caristes : un allemand nous offre des mandarines, une jeune néerlandaise nous apporte des Stroopwafels (gaufres hollandaises). L'ambiance est légère et festive dans le centre-ville de Nauplie alors que les passants, principalement des touristes, se souhaitent un joyeux noël. Les décorations et musiques de Noël tranchent tout de même légèrement avec l'atmosphère méditerranéenne des ruelles, fleuries de bougainvilliers et colorées d'agrumes. Nous avons un petit coup de cœur pour cette belle ville, et celui-ci grandit à mesure que nous découvrons son port animé, puis sa promenade longeant des falaises bordées de cactus. Nous terminons la journée sur la plage de galets de la ville pour profiter des 20 degrés offerts par ce 25 décembre pas comme les autres ! Même si nous avons un petit pincement au cœur de ne pas passer ces fêtes avec nos proches, nous savourons la chance de vivre ce Noël dépaysant à 2800 kilomètres de chez-nous.

Le lendemain, nous décidons de profiter de la chaleur pour sortir le kayak et partir en exploration de la baie de Nauplie. Nous partons du port, nous dirigeons au large vers le bastion, sous les yeux étonnés des touristes à bord de leur bateau de croisière, puis longeons la côte à la recherche d'une belle crique où pique-niquer. A notre retour le soir, notre voisin allemand s'inquiète : "C'était un long voyage ?". Nous rigolons en lui expliquant que nous avons en réalité pagayé 2 heures aller-retour et passé le restant de la journée à lézarder sur la plage !

Nous terminons nos quelques jours à Nauplie à l'assaut de sa belle forteresse et de ses 1000 marches jusqu'au sommet. Nous nous hâtons d'arriver en haut pour faire la visite sans trop de fréquentation. Nous avons repéré le matin un paquebot de croisière de la taille d'un immeuble qui est arrivé au port, commençant à déverser son flot de touristes, que nous voyons déjà arriver dans des petites navettes. Nous arrivons à destination avant les premiers cars de touristes et profitons de la vue à couper le souffle sur la baie et ses eaux turquoise. Parfait pour dire au revoir à ce petit paradis qu'est Nauplie !

Nous terminons notre découverte de la région par l'un des sites incontournables de Grèce : Epidaure. Son sanctuaire, érigé en l'honneur d'Asklepios le dieu de la médecine, était le lieu de rendez-vous des malades et pèlerins venant demander leur guérison. C'est une deuxième visite pour moi, qui était déjà venue avec ma famille lorsque j'avais 13 ans, et le site est conforme à mes souvenirs. Si les temples et bains sont en grande majorité en ruines et le minuscule musée ne présente pas grand intérêt, c'est de toute façon, l'immense théâtre qui vaut à lui seul le déplacement ! Construit vers 350 avant JC, il pouvait accueillir 12 000 spectateurs dans ses gradins de marbre blanc. 

Il est réputé pour son acoustique parfaite, permise par une conception architecturale finement étudiée. La périodicité des rangées et des marches permet d'éliminer les basses fréquences pour ne garder que les hautes, soit la voix et la musique. Et en effet, nous le constatons, alors que nous sommes installés tout en haut des gradins. Se tenant au centre de l'orchestra (zone circulaire au pied des gradins), un monsieur laisse tomber une pièce de monnaie dont le tintement résonne dans tout le théâtre.

Après la visite, nous rejoignons Mammouth sur le parking et profitons du soleil, lorsqu'une femme s'avance vers nous. Nous mettons quelques secondes à la reconnaître : il s'agit d'une française que nous avons rencontrée brièvement avec sa famille à Athènes ! Ils voyagent eux aussi en véhicule aménagé et elle nous demande quels sont nos projets pour le nouvel an. Elle nous informe alors qu'un rendez-vous entre voyageurs français se prépare dans le sud à cette occasion. Nous sommes bien emballés et c'est sur notre route, donc nous échangeons nos contacts pour pouvoir peut-être s'y retrouver. Après ce Noël ensoleillé, notre réveillon du Nouvel an en Grèce s'annonce plein de rencontres !